L’ensemble, une fois installé (Photo Joris BERTRAND)
Les protections easyCover constituent une solution de bon rapport qualité-prix pour protéger ses objectifs. C’est déjà d’un modèle approprié de la marque que mon Canon EF 300 mm F/4L IS USM est recouvert depuis de nombreuses années. Ce manchon en Néoprène, généralement disponible en plusieurs versions type militaire: Forest camouflage (comme c’est le cas sur mon 300 F/4), Brown camouflage, Green camouflage (ou encoreTrue Tomber HTC camouflage) mais aussi avec une version plus sobre mais néanmoins élégante baptisée Black (noire) en une ou plusieurs partie(s), s’ajuste(nt) plutôt bien aux mensurations de nos précieuses optiques. Concrètement, je suis persuadé que cela permet efficacement de protéger le fût de l’objectif des rayures et même des petits impacts. Adepte de l’approche, j’ai personnellement pour habitude de prendre appui sur ce que je peux pour stabiliser ma visée et ma prise de vue: rochers et troncs d’arbres principalement. C’est donc tout naturellement que j’ai fait l’acquisition de ce type de protection pour mon nouveau RF 800 mm F/11 IS STM. J’ai opté pour la version Black du modèle easyCover spécifiquement conçu pour cet objectif. Vu la taille et l’encombrement déjà conséquent de l’engin, la protection ne comporte pas une seule, mais 9 pièces de Néoprène (y compris une prévue pour le pare-soleil) à disposer méthodiquement sur le fût. La notice explicative est facile à lire et l’emballage d’origine du produit inspire confiance. Les différentes pièces numérotées s’enfilent sans difficulté et je n’ai eu aucun soucis à installer les bandes de Néoprène une à une sur le fût. Je ne suis pas sûr que toutes sont 100% utiles, mais mieux vaut plus de protection que pas assez. J’ai déjà fait l’impasse sur les parties n°6 (avec adhésif pour la portion portant les commutateurs pour allumer/éteindre la stabilisation, passer de AF à MF et du limiteur de plage AF) et n°8 (avec un velcro pour protéger la partie qui se déploie lorsque l’objectif est en position « prise de vue ») et je n’exclue pas d’enlever à l’usage les parties n°5 (sur les parties mobiles des bagues de mise au point et n°4).
Est-ce la meilleure option? Peut-être pas mais l’équivalent de marque LensCoat distribué chez Jama coute deux fois plus cher. Je ne dis pas que cette option n’est pas de meilleure qualité mais je ne suis juste pas sûr que le jeu en vaille vraiment la chandelle. En attendant, je resterai donc fidèle à easyCover en accueillant volontiers en commentaire vos retours d’expérience personnels.
La notice pour le montage de la protection fournir par easyCover
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Par défaut
Pic de Gallinas (2624 m), Pic de Redoun (2677 m) et entre les deux, Pic de la Dona (2702 m) au dessus du col Mitja, Pic du Géant (2881 m) et Pic de l’Enfer (2869m), Pic de Noufonts (2861 m) puis et à droite la crête du Cambre d’Aze (2711 m). Des noms ayant tout naturellement une consonance épique pour la plupart d’entre eux, qui m’évoquent en tout cas de mémorables souvenirs de randonnées, tantôt agréables tantôt arrosées, voire dantesques avec des nuits passées sous l’orage et la grêle a espérer que la toile de tente ne se déchire pas pendant une rafale. Cette photo a été prise avec le Canon EOS R7 et l’EF-S 15-85 mm F/3.5-5.6 IS USM à F/11, 1/160s et 200 ISO depuis les Angles. Vu la tourmente qui allait se lever sur les hauteurs de la Cerdagne ce jour-là, je pense qu’il ne fallait mieux pas traîner sur ces sommets enneigés qui contrastent avec les nuages, annonçant la couleur.
La lune à main levée, au RF 800 mm F/11 IS STM couplé à l’EOS R7 (Photo Joris BERTRAND)
Comme beaucoup de photographes, j’ai souvent essayé de photographier la lune. Comme beaucoup de photographes sans doute, j’ai aussi souvent été déçu du résultat. Notre satellite apparaît en général à l’image comme une vague pastille surexposée. Même en utilisant un mode de mesure plus approprié ou en compensant manuellement l’exposition, on se retrouve encore avec un sujet n’occupant qu’une petite place sur une composition entourée de ciel fade. Il vient alors naturellement l’idée du recadrage et c’est en général l’étape qui finit par ruiner nos espoirs. Entre pixelisation et voile atmosphérique, la lune manque alors cruellement de détail. Même avec une focale de 300 mm couplée à un multiplicateur de focale 1.4x, le tout sur un capteur APS-C, je n’obtenais que rarement des résultats satisfaisants. Avec le RF 800 mm F/11 IS STM et même sur une lune n’apparaissant pas plus imposante que d’habitude, j’obtiens enfin une image que je ne me sens pas obligé de recadrer. A la faveur d’une petit édition dans Adobe Lightroom, on peut encore réduire un peu les hautes lumières ou augmenter légèrement le contraste. Je trouve ça presque émouvant de voir apparaître les reliefs de la surface lunaire avec autant de détail: ces « mers » ponctuées de cratères, témoins du bombardement météoritique au cours des milliards d’années de son histoire. Si loin de nous et pourtant si proche à la fois… La photo a été prise à main levée au 1/800 s et à 1600 ISO. Ce temps de pose est un peu limite à main levée, mais c’est sans compter sur les systèmes de stabilisations équipant à la fois le boîtier et l’objectif.
Il est sans doute encore trop tôt pour faire un retour d’expérience digne de ce nom sur le RF 800 mm F/11 IS STM, mais je vois beaucoup de photographes qui s’interrogent sur les forums et les réseaux sociaux pour savoir si c’est une solution qui vaut le coup? Je partage donc sans plus attendre mes impressions du moment avec les francophones…
Cadrer un sujet proche (ou lointain) à 800 mm: pas facile (!)
Le photographe animalier se dit qu’en matière de focale, il est souvent, voire toujours trop court. Frustrés de ne pas pouvoir cadrer pleine pastille, on s’est souvent dit qu’on ne ferait pas de la belle photo sans un 500 ou un 600 mm. Pourtant, quand on regarde les oeuvres de grands noms à commencer par des photographes comme Vincent Munier, on se rend compte que bon nombre de leurs images époustouflantes font en fait la part belle à une composition plutôt aérée. En ce qui me concerne en tout cas, je ne regrette pas d’avoir fait mes armes avec un 300 mm. J’ai bien souvent été trop court, c’est sûr, mais cela m’a permis de contourner le problème en composant différemment, ou quand ce n’était pas possible à apprendre à m’approcher de mon sujet le plus discrètement possible. Cela étant dit, j’ai volontairement fait le choix du RF 800 mm F/11 IS STM pour faire des choses nouvelles et je continue à assumer ce choix. En plus, même les compositions aérées des meilleurs photographes animaliers sont souvent faîtes au 500 ou au 600 mm. L’un n’empêche donc pas l’autre, en théorie. Premier constat au demeurant: cadrer avec un 800 mm n’est pas évident. L’angle de vue ainsi couvert n’est que de 3°5′. Même en ornithologue « expérimenté », habitué à mettre dans mes jumelles un passereau se déplaçant furtivement dans les branchages ou un limicole galopant rapidement sur la grève dans la longue-vue, je continue bien souvent à ne pas trouver mon sujet une fois l’oeil collé à l’oeilleton. L’autre jour je confesse avoir par exemple eu du mal à accrocher une cigogne blanche en vol se dirigeant vers moi et me passant au dessus de la tête (la honte…). Et puis même à plusieurs dizaines de mètres, rentrer son sujet dans le cadre peut parfois s’avérer cocasse avec une telle focale. J’en veux pour preuve cette girafe croisée lors d’une balade littorale dans l’Aude… A proximité de la réserve africaine de Sigean…
J’ai eu toutes les difficultés du monde pour arriver à faire rentrer cette girafe dans le cadre. A 800 mm et à main levée, pas évident en effet (Photo Joris BERTRAND).
Qualité d’image: nickel (!)
Rien à redire sur la qualité d’image par contre, le RF 800 mm F/11 IS STM est tout à fait à la hauteur. Sur le capteur de 32,5 megapixels de l’EOS R7, ce n’est encore que du ressenti mais je pense qu’il donne même de meilleurs résultats que mon EF 300 mm F/4L IS USM, certes ancien, mais de gamme professionnelle. Dans des conditions de lumière correctes (et même à 5000 ISO), le niveau de détail sur ce portrait de moineau domestique me convient tout à fait.
Moineau domestique mâle en train de déguster une graine de tournesol à proximité de la mangeoire (Photo Joris BERTRAND)
Ouverture contrainte : F/11
Qu’ils soient de type zoom ou focales fixes, même les téléobjectifs amateurs affichaient traditionnellement une ouverture minimale de F/6.3 en sachant que les optiques de gammes professionnelles peuvent ouvrir à F/4 voire F/2.8. Cette ouverture à F/11 apparaît donc comme rédhibitoire sur le papier. Faire de la photo d’action à la mangeoire demande généralement un temps de pose de 1/1500 s voire plus rapide. Dans les photos illustrant cet article, j’ai souvent du laisser filer les ISO jusqu’à 6400 pour pouvoir shooter au 1/2000 s. Si une telle sensibilité aurait à coup sûr donné des résultats peu, voire pas exploitables avec mon ancien boîtier (un Canon EOS 70D), force est de constater qu’en 2023 et avec un EOS R7, ça marche! Certes, le bruit électronique est perceptible sur l’image mais demeure pour moi tout à fait acceptable.
Pie bavarde sur la dune littorale de Canet en Roussillon. Le bokeh du RF 800 mm F/11 IS STM me paraît tout à fait satisfaisant et l’EOS R7 gère tellement bien l’exposition (!) (Photo Joris BERTRAND).
Autofocus
Etre en mesure de faire la mise au point à faible ouverture: c’est sans doute bien sur ce point que l’hybride supplante le réflex numérique. J’avoue ne toujours pas avoir le recul suffisant pour fournir un avis éclairé sur cette capacité de mon EOS R7 à faire la mise au point là où il faut quand il faut… Une chose est sûre, je ne peux pas dire avoir été bluffé par les qualités de mise au point de mon nouveau boîtier au point que je me demande toujours s’il n’a pas un défaut. Plus ça va et plus je pense que cela est plutôt à cause de ma difficulté à changer ma pratique pour m’habituer à l’hybride qui tarde à se faire. A cela s’ajoute le fait que mon bon vieil EF 300 mm F/4L IS USM semble quant à lui avoir un soucis de stabilisation, dont l’effet est exacerbé sur le R7 au point de le rendre chiant à utiliser avec l’IS activé.
Distance minimale de mise au point: 6 m
Il faut au minimum se placer à la distance minimale de mise au point de l’objectif, à l’occurence, à 6 mètres de son sujet pour espérer pouvoir faire la netteté dessus. Certes, le rapport de grandissement de 0,14x alors obtenu n’est sur le papier pas très impressionnant. Cependant, il faut garder présent à l’esprit que l’angle alors cadré dans le viseur n’est que de 3°5′. Concrètement, il ne m’a pas été possible de faire tenir, même une petite mésange bleue dans le cadre avec ces caractéristiques. Deux options, s’offrent donc à vous: augmenter le tirage en intercalant une bague-allonge entre le boîtier et l’objectif, ou, et c’est la solution que j’ai suivi, reculer d’un mètre ou deux pour davantage de confort, et de réussite…
La mésange charbonnière toute contorsionnée est à peu près dans la zone de netteté et un temps de pose de 1/2000 s permet presque de figer son mouvement, en contrepartie d’une montée en ISO générant du bruit (Photo Joris BERTRAND).
Profondeur de champ: 2 cm (!)
Les vieux de la vieille auront tôt fait de décrier le RF 800 F/11 IS STM et son petit frère (le RF 600 MM F/11 IS STM) en arguant qu’une ouverture fixée à F/11 donnerait lieu à une profondeur de champ trop importante pour obtenir un bokeh esthétique. C’est faux et j’espère vous en convaincre aussi bien sur le plan quantitatif, que qualitatif. A la distance minimale de mise au point de 6 mètres évoquée plus haut, l’étendue de la zone de netteté est de 2 cm (à 800 mm et F/11) et de 4 cm (à 600 et F/11). Comme vous pourrez le voir sur la photo ci-dessous, il est par exemple impossible d’avoir des réglages me permettant d’avoir à la fois la mésange charbonnière (au premier plan) et la mésange bleue (au second plan) nettes à la fois. Avec d’autres objectifs, on aurait pu essayer de s’en sortir en fermant le diaphragme, au risque de devoir utiliser un système de flashes pour compenser le manque de lumière. Or sur ces optiques ouvrant à F/11, ce problème est insoluble et c’est là sans doute, selon moi, une des plus sérieuses limites de cette configuration pour faire de la photo rapprochée. Si la mise au point est effectuée sur la mangeoire, il suffit que l’oiseau prenne son envol pour qu’il sorte de la zone de netteté en une fraction de seconde. Même avec une vitesse d’obturation suffisante (1/2000 s, voire plus rapide), il apparaîtra flou sur l’image.
Mésange charbonnière au premier plan et mésange bleue au second plan. Avec une focale de 800 mm et contraint à une ouverture de F/11, l’étendue de la zone de netteté n’est guère que de 2 cm (Photo Joris BERTRAND).
Conclusion
Voilà donc pour ce tour d’horizon encore bien incomplet d’autant que je n’ai toujours pas eu vraiment l’opportunité de tester mon nouveau matériel là où il me sera sans doute le plus utile: en milieu ouvert. C’est bien pour ça que je l’ai acheté et il est évident que le RF 600 et à fortiori le RF 800 mm F/11 IS STM ne seront sans doute pas les objectifs à conseiller en priorité pour faire de la photo à la mangeoire. A la place, regardez plutôt le RF 100-400 F/5.6-8 IS USM et si votre budget le permet, pour le RF 100-500 F/4.5-7.1L IS USM, deux optiques que j’ai pour le moment du mal à trouver convaincantes vu ma pratique. Pour le reste, je continue à croire que ces (très) longues focales fixes de 600 ou 800 mm F/11 permettent de remplir une niche qui leur est exclusive, et je compte bien en tirer tout le potentiel bientôt…
Il m’aura donc fallu un peu plus de 4 mois (!) entre le moment où je me suis rendu en boutique pour commander mon nouvel appareil photo (un Canon EOS R7) et le moment où j’ai enfin reçu le SMS m’annonçant que ma commande était disponible. À en croire ce que je pouvais lire presque quotidiennement sur les réseaux sociaux, je suis loin d’être le seul à avoir connu la frustration d’une telle attente. Mais pourquoi ces délais?!
Comme on en a pris l’habitude maintenant, un des premiers réflexes est d’abord d’incriminer un évènement dramatique à la fois inattendu et improbable tel qu’une épidémie mondiale (ou dans un autre contexte, une guerre aux portes de l’Europe…). Dans le même temps, ne doit-on pas y voir les prémices d’un modèle économique en difficulté voire peut-être à bout de souffle ne serait-ce que par son manque évident de résilience dans un monde qui change inexorablement?
Des soucis d’approvisionnement en composants électroniques essentiels à la fabrication des boîtiers
Il est évident que les conséquences de la crise du COVID-19 ont considérablement perturbé le système de production lui-même. Des millions de personnes ont été confinées de par le monde, la demande a fortement baissé, les chaînes de production ont été à l’arrêt pendant des semaines, voire des mois, et j’ai lu à plusieurs reprises que dans ce contexte, la Chine, usine du monde a réorganisé tant bien mal sa production en privilégiant l’approvisionnement de son marché intérieur plutôt que de continuer à exporter comme en temps normal. Parmi les composants clés pour le matériel photographique, les semi-conducteurs indispensables au fonctionnement des puces électroniques semblent avoir particulièrement fait défaut sur les chaînes d’assemblage de chez Canon, au Japon ou encore à Taïwan. En creusant un petit peu il semble pourtant que le COVID-19 ne soit pourtant pas seul responsable de cette pénurie mondiale.
En 2022, et alors que la demande mondiale, avait repris de plus belle, Taïwan qui produit la moitié des semi-conducteurs dans le monde a aussi connu une sécheresse de grande ampleur rappelant à tout le monde, à commencer par les consommateurs que nous sommes que toute cette industrie que l’on sait nécessitant quantité de métaux et autres terre rares est par ailleurs très consommatrice en eau, tout simplement. Autant on voyait la menace COVID-19 comme derrière nous, autant on se rend compte désormais que la menace encore plus durable et implacable que constitue le changement climatique d’origine anthropique n’est pas seulement en mesure de provoquer des baisses de rendements agricoles mais, de par l’augmentation des événements climatiques extremes, dont les sécheresses, de perturber la production industrielle jusqu’à la fabrication même des puces électroniques. Personnellement, je trouve ça « intéressant » et je me suis donc mis à me re(poser) quelques questions à commencer par la suivante…
Besoin? Non… Envie… Oui… Le besoin crée l’envie et l’envie le besoin (vous avez 4h…). C’était, je le répète, assez angoissant de voir la frustration, l’impatience et souvent même, l’agressivité dans tous ces commentaires de photographes dans l’attente d’un modèle d’appareil photo parmi des milliers d’autres sur les réseaux sociaux. Les gens commandaient, parfois sur plusieurs sites, le modèle tant attendu en espérant être servis avant les autres, ou en tout cas pour se positionner dans de très longues files d’attente virtuelles. Moi même, je m’agaçais régulièrement sur les posts publicitaires de Canon qui vantait les qualités révolutionnaires de ses nouveaux produits, à peine sortis, alors qu’ils étaient incapables de répondre à la demande. J’ai d’ailleurs décidé d’agrémenter ce post de quelques tweets témoignant du « harcèlement mignon » dont j’ai pu faire preuve à l’égard de ma marque de prédilection historique (un peu d’auto-dérision ne fait pas de mal…)
Le mot de la fin
Que peut-on faire avec une stabilisation de l'image à 8 vitesses ? 🤔
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Pleins de contradictions on l’est tous et même si je me sens continuellement responsable et coupable de continuer à consommer, j’essaye de me rassurer en me disant que mon dernier boîtier réflex m’a accompagné sans faillir pendant près de 10 ans. Il fonctionne d’ailleurs toujours parfaitement et j’envisage de toute façon de continuer à en faire une utilisation professionnelle dans le cadre du projet scientifique que j’ai commencé avec lui, au printemps 2022 et qui se terminera fin 2025 (pour des raisons de reproductibilité, on n’est pas censés changer de monture en cours de route…). J’espère juste que le boîtier hybride dont je viens de faire l’acquisition sera aussi robuste que l’EOS 70D, qui m’a accompagné dans bien des situations hostiles et à même survécu sans broncher à un bain glacé… Car qui sait dans quel délais et à quel prix pourra t’on se procurer un nouveau boîtier, même dans 10 ans…
Par défaut
Une vallée des Pyrénées, une lumière de fin d’après-midi découpée par les nuages et au fond, les sommets des Pyrénées plâtrés de neige fraîche, voilà une scène où les écarts de luminosités sont importants. Cette scène a été prise depuis la colline surplombant le village de Moulis, en Ariège, au dessus de la Station d’Écologie Théorique et Expérimentale du CNRS.
Pas de soucis pour le posemètre de l’EOS R7 qui continue de m’impressionner (pour le coup, plus que le module autofocus…) en délivrant un exposition correcte: sans cramer les hautes lumières mais tout en enregistrant suffisamment de détails dans les ombres pour être révélées avec un petit coup de pouce d’Adobe Lightroom Classic. Au passage, je découvre avec pas mal d’intérêt et d’enthousiasme la nouvelle fonctionnalité « correction du voile » du logiciel qui comme son nom l’indique, permet d’atténuer le voile atmosphérique mais aussi d’une façon plus générale, le manque de contraste dans les zones de ciel. En jouant sur les curseurs, on se rend compte qu’il faut l’utiliser avec modération. Là où il n’est pas nécessaire, un emploi excessif de cet outil mène très vite à des photos trop saturées. Mais dans bien des situations, je suis sûr qu’il me sera très utile (pour enlever, ou au contraire rajouter de la brume). Niveau réglages, j’étais comme souvent à mode priorité ouverture avec l’EOS EF-S 15-85 mm F/3.5-5.6 IS USM à 19 mm et F/9. L’appareil a choisi une sensibilité de 200 ISO et un temps de pose d’1/125 s.
Je me souviens que l’achat d’une licence perpétuelle d’Adobe Lightroom (en 2015) avait déjà été choix compliqué pour moi en sachant qu’à l’époque, deux évènements m’avaient aidé à passer le cap. Premièrement, le disque dur externe sur lequel je stockais ma photothèque m’avait subitement lâché. Je possédais bien une copie de sauvegarde, mais pas complètement à jour, sur un autre disque dur externe, et j’avais tout de même perdu mes photos les plus récentes lors de cette mésaventure (par ici si vous voulez lire ou relire le post en question). Deuxièmement, Apple arrêtait le développement et la maintenance d’iPhoto que j’utilisais jusqu’alors. À l’époque, j’hésitais déjà à l’idée de cautionner l’achat d’un logiciel via une formule d’abonnement plutôt que via l’achat d’une formule perpétuelle (par ici, si vous voulez lire ou relire le post en question) et j’avais finalement opté pour la version traditionnelle plutôt que pour la version CC d’Adobe Lightroom. Et voilà que presque 8 ans plus tard, la question se repose, pour des raisons différentes et dans un contexte ayant légèrement évolué. Je vous livre donc si après mes réflexions…
Le constat…
Ma version actuelle d’Adobe Lightroom commençait à montrer des signes de faiblesses inquiétants, entre plantages à répétition, redémarrages et angoisse interminable en attendant que l’intégrité du catalogue soit vérifiée, en ayant toujours peur que ce soit LA défaillance de trop. Je tiens à préciser que le module Cartes ne fonctionnait déjà plus depuis un certain temps et que l’outil Personnes était lui aussi devenu très capricieux. Le logiciel avait beaucoup perdu en fluidité et ça devenait vraiment gênant.
Les fichiers raw et craw (.cr3) de mon Canon EOS R7 n’étaient plus compatibles avec la version 6.14 de Lightroom pour laquelle je possède toujours cette licence perpétuelle. Les fichiers commençaient à s’accumuler par centaines sur la carte mémoire et je n’avais jusqu’alors catalogué aucune de mes images. J’avais simplement édité dans Canon Digital Photo Professional v.4, certains des fichiers raw que j’avais envie de partager. Bref, c’est mal (!)
Mes réticences…
De base, je suis comme beaucoup, plus attaché aux licences perpétuelles qu’aux abonnements. Un des arguments plaidant en la faveur d’une formule avec abonnement est de pouvoir bénéficier des mises à jours d’un logiciel sans limitation dans le temps (enfin, tant que vous continuez à payer). D’un autre côté, la version perpétuelle de Lightroom que je possédais me convenait toujours très bien pour faire ce que j’en faisais, à savoir cataloguer et effectuer des retouches mineures sur mes fichiers .raw. Je n’apprécie donc que moyennement l’idée de me faire forcer la main en ne me fournissant comme seule évolution possible un abonnement qui au bout d’un an, m’aura déjà couté le prix de ma licence perpétuelle acquise en 2014, et qui continuait à fonctionner.
Comme si ça ne suffisait pas de nous imposer une formule avec abonnement, Adobe nous force aussi (presque autant) la main pour que nos données soient stockées sur leur cloud. Selon les formules, nous aurons droit à 20 Go ou 1 To et si vous voulez plus, il faudra sortir le portefeuille…
La question de la compatibilité des catalogues entre une ancienne version désormais non-maintenue (6.14) et la version actuelle était aussi centrale pour moi.
Le choix…
Même après des années de pratique de la photographie plus ou moins intensive et quelques 36000 fichiers accumulés, la taille totale de mon catalogue Lightroom reste inférieure à 250 Go. J’aurais donc encore de la marge avec les 1 To proposé par la formule de base baptisée Lightroom. Au demeurant, et sauf erreur de ma part, cette formule m’imposerait de travailler sur un catalogue stocké en ligne.
Je ne ressentais pas spécialement le besoin de me tourner vers une formule Creative Cloud pour la Photo, car je n’envisage pas vraiment d’utiliser Photoshop. Dans le même temps, j’aimerais pouvoir posséder Lightroom Classic permettant une utilisation hors-ligne. Or la formule de base propose que 20 Go de stockage cloud et pour la version à 1 To, c’est 23,99€/mois (!)
J’ai finalement opté pour une formule Creative Cloud pour la Photo de base (avec 20 Go de stockage cloud). Cela me permet d’utiliser Lightroom Classic, en local comme je l’ai toujours fait avec Lightroom, avec un catalogue stocké sur un support physique (mais sans possibilité de sauvegarde de ce catalogue sur le cloud d’Adobe: pour rappel, il fait 250 Go…). En contrepartie, je ne change rien à mes habitudes et j’aurai au passage le luxe d’avoir la licence Photoshop incluse. Pour le reste, j’ai très vite retrouvé mes marques. A part quelques évolutions dans les outils que je commenterai petit à petit, je me suis très vite senti à l’aise avec ce nouvel Adobe Lightroom Classic. Je confirme une bonne compatibilité entre le catalogue de la version 6.14 et la version actuelle (moyennant une mise à jour de ce dernier relativement rapide). Il faut juste fair attention car le catalogue, une fois mis à jour, n’est plus rétrocompatible avec les anciennes versions de Lightroom (mais l’ancien catalogue n’est pas effacé pour autant). Les fichiers .cr3 délivrés par l’EOS R7 sont aussi parfaitement lus par cette nouvelle version de Lightroom.
L’avenir me dira si le choix que j’ai fait était judicieux… En attendant, n’hésitez pas à partager votre expérience en commentaire.
Cela fait désormais deux mois que j’ai reçu et utilisé, de façon pour le moment assez peu intensive, mon Canon EOS R7. Je ne crois pas qu’il soit déjà temps de proposer un premier retour d’expérience à proprement parler mais je livre ci-après mes premières impressions, ne serait-ce que pour voir si elles se voient confirmées ou non à l’usage…
Un flamant rose (Phoenicopterus roseus) et tout ce qui ce reflète dans les étangs près de Sigean (Photo Joris BERTRAND)
J’ai adoré...
L’exposition est généralement parfaite et je crois que je n’ai à présent eu que peu ou pas de zones cramées sur mes images, même dans des conditions qui auraient à coup sûr rendu chèvre la cellule de mon EOS 70D. Jusqu’à présent, je n’ai donc jamais eu à essayer d’autre mode de mesure que Mesure Évaluative. Je précise que j’ai utilisé la fonction Priorité hautes lumières en mode optimisé (D2+).
C’est peut-être un détail pour la plupart des utilisateurs, mais le niveau 3D, dans le viseur électronique ou depuis l’écran arrière est très utile pour shooter bien d’aplomb, notamment en photo de paysage ou d’architecture comportant des éléments verticaux ou horizontaux. On se croirait dans un cockpit d’avion de chasse et j’adore…
Comme dans un cockpit d’avion de chasse… L’écran arrière ou le viseur du Canon EOS R7 (Source: Manuel d’utilisation de l’EOS R7)
J’ai aimé…
J’ai bien pu valider qu’avec la bague d’adaptation fournie, tous mes objectifs sont pleinement compatibles avec l’EOS R7 dans le sens où je confirme le bon fonctionnement de l’autofocus sur toutes les optiques.
Un déclenchement beaucoup moins bruyant que tout ce que j’avais connu jusqu’alors avec mes réflex (hybride oblige): fini le miroir qui claque! Même avec l’obturateur mécanique, le léger bruit émis par le déclenchement est à la fois discret et agréable à l’oreille. Un point positif qui a toute son importance en photographie animalière (mais pas que…)
Le poids. Typiquement le genre d’aspect sur lequel on se dit a priori, « Cool mais sans plus » avant de reprendre quelques jours plus tard son ancien matériel et de sentir réellement la différence.
Une cigogne blanche (Ciconia ciconia) en vol. Les conditions de luminosité étaient loin d’être optimales et l’autofocus a parfois eu du mal à accrocher le sujet. Une fois que c’est fait, le suivi est en revanche irréprochable (Photo Joris BERTRAND)
Je ne suis pas encoreconvaincu…
Le paramétrage de l’autofocus en mode Servo est sans doute à incriminer, mais j’ai l’impression que l’appareil s’entête souvent à faire la mise au point là où je ne veux pas. L’accroche du sujet n’est donc pas 100% convaincante pour le moment et j’espère que c’est juste un soucis de réglage et non pas un soucis technique avec mon matériel. Bref, je ne suis pas très copain avec l’IA et ses paramètres par défaut mais je retrouve un peu de sérénité en repassant en mode One Shot en faisant la mise au point au centre puis en décentrant si nécessaire et en activant manuellement le mode Servo (sans aucun automatisme) via la touche AF-ON que j’ai réglé pour ce faire si je souhaite suivre mon sujet mobile (souvent un oiseau en vol en ce qui me concerne). Si vous êtes aussi concernés, je prendrai volontiers connaissance de vos témoignages que vous pouvez laisser en commentaire.
Comme toutes les images de ce post, la combinaison Canon EOS R7 + RF 800 mm F/11 IS STM donne de très bon résultats, même en montant en ISO, et permet de shooter à des distances que je n’avais jamais envisagé: ici environ 15 mètres sans aucun recadrage (Photo Joris BERTRAND)
J’ai moins aimé…
La bague d’adaptation (Mount Adapter EF-EOS R) est volumineuse: elle a l’encombrement d’un EF-S 24 mm F/2.8 STM ou d’un EF 40 mm F/2.8 STM. Cela revient donc à empiler deux pancakes l’un sur l’autre, ce qui un est non-sens pour qui veut photographier discret et léger… L’utilité de type de configuration (avec monture EF et EF-S) risque donc de devenir très vite obsolète en poussant les utilisateurs à investir vers des solutions en monture RF et RF-S: RF 16 mm F/2.8 STM (par exemple).
Il y a bien un temps de latence entre le moment où on colle son oeil dans l’oeilleton et le moment où l’appareil est prêt à déclencher. Je pense que c’est d’autant plus vrai que l’appareil est paramétré en priorité mise au point plutôt que déclenchement, mais c’est un changement par rapport au réflex qui m’a un peu dérangé.
Conclusions
Au final, je suis pour l’instant très enthousiaste sur ce boîtier. Bien sûr, il va encore me demander un certains temps d’adaptation, notamment en animalier mais je suis sûr que c’est le prix à payer pour tirer le meilleur de la bête. Pour de la photo plus cool et notamment pour la photo de famille à Noël il m’a donné entière satisfaction en délivrant des images bien piquées et parfaitement exposées. Je ne note même plus les légers défauts de mise au point (notamment de back focus) que j’avais pu noter avec mon EOS 70D et certaines de mes optiques. Bref, si vous hésitez encore à franchir le cap, je vous recommande chaudement la bestiole.
Cela faisait près d’un an et demi maintenant que je n’avais plus vraiment parlé matériel photo sur La Nature des Images. J’avais d’ailleurs carrément arrêté d’alimenter mon blog depuis près d’un an. Comme j’ai eu l’occasion de l’écrire à plusieurs reprises, en particulier lors de mon dernier Édito (qui remonte à 2021…), je fais face à un manque chronique de motivation. La photo n’occupe plus une place aussi importante dans ma vie que par le passé. Mon matériel vieillit et son encombrement fait que j’hésite de plus en plus à emporter boîtier et objectif(s) lors de mes sorties. J’ai plusieurs fois envisagé d’acquérir du nouveau matériel en espérant que ça aurait pu redonner de l’entrain dans ma pratique photographique, mais était-ce raisonnable d’acheter un nouveau boîtier réflex et/ou des objectifs en monture EF ou EF-S qui allaient de toute façon devenir très vite « obsolètes ». Et dans le même temps, je rêvais secrètement de la sortie d’un boîtier Canon hybride à capteur APS-C dont les caractéristiques s’approcheraient de celles d’un EOS 7D MkII, à la mode 2022…
Et cet hybride Canon à capteur APS-C taillé pour la photo d’action dont j’attendais la sortie depuis des années ne sortira pas en 2021, mais bien en 2022. En effet, le 24 mai 2022 était annoncée la sortie simultanée de non pas un, mais deux modèles d’appareils à capteur APS-C: l’EOS R7 et l’EOS R10.
Au premier abord, des dimensions somme toute similaires pour les Canon EOS R7 et R10 (Source canon.fr)
Canon EOS R7: la première référence hybride APS-C Canon, pour l’animalier (et pour le reste)
Sur le papier, le Canon EOS R7, c’est à peu près tout ce que je recherchais. D’abord, le format APS-C me convient très bien et je n’ai jamais réellement ressenti le besoin de « passer au plein format ». La qualité des images délivrée par ces petits capteurs me suffit, et les boîtiers APS-C sont d’une manière générale moins volumineux et moins lourds que les boîtiers plein format. Ajoutons à cela que les photographes de nature auront tendance à apprécier le cropfactor (de 1,6X pour les capteurs APS-C Canon). Pour finir, les montures RF et RF-S seront inexorablement le futur des objectifs de la marque et il faudra tôt ou tard y passer pour pouvoir rester à jour.
Techniquement, la bestiole possède un capteur de 32,5 mégapixels (contre 20,2 pour mon vieil EOS 70D) avec toutes les technologies actuelles: un processeur Digic X (Digic 5+ sur l’EOS 70D), la mise au point Dual Pixel CMOS AFII et un système de stabilisation du boîtier (baptisé IBIS) à laquelle peut s’additionner la stabilisation des optiques pour un gain annoncé allant jusqu’à 8 stops! La mise au point pourrait se faire dans des conditions très faibles de luminosité (-5 IL, contre -2IL pour l’EOS 70D) et le capteur peut de toute façon travailler à 32000 ISO (contre 12800 ISO et encore… pour l’EOS 70D). La cadence de la rafale atteint quant à elle 15 images par seconde (et même 30 im./s en utilisant l’obturateur électronique, contre 7 im./s pour mon boîtier actuel). Sur le papier, on a donc bien une dizaine d’années de progrès technique entre les deux boîtiers et je suis impatient de voir ce que ça donne.
Le système de stabilisation du capteur IBIS permet d’associer la stabilisation du boîtier à celle de l’objectif, ou à défaut de « stabiliser » les objectifs dépourvus de stabilisation (Source canon.fr)
Autre point positif, l’EOS R7 fait 13 cm (de long) x 9 cm (de haut) x 9 cm (de profondeur) et pèse 612 g (avec la batterie) là ou mon EOS 70D faisait 14 cm x 10 cm x 8 cm et 755 g (avec la batterie). Autant c’est similaire en terme d’encombrement, autant, je pense que plus de 100 g d’écart sur la balance, c’est bien appréciable…
Hybride vs. reflex: quelques appréhensions
Bien sûr, j’ai toujours quelques appréhensions à l’idée de laisser tomber le reflex au profit de l’hybride. Je n’oublierai jamais ma déception la première fois que j’ai collé mon oeil dans un appareil photo à visée électronique (mais c’était un Sony Alpha 77 (SLT-A77) avec ses 786 432 points… car c’était en 2014). Depuis, j’ai fait de même avec un Canon EOS RP et ses 2,36 millions de points et j’admets bien volontiers que la technologie semble au point (c’est le cas de le dire). Pour des raisons plus personnelles, je regrette que l’EOS R7 n’inclue pas de module GPS intégré comme pour l’EOS 7D Mk II mais c’est sans doute car les hybrides ont tendance à être plus consommateurs en énergie que les réflex traditionnels. C’est peut-être pour les mêmes raisons que l’écran de contrôle a disparu de la face supérieure. Sur les réflex, je n’utilisais presque que lui (à part pour visionner les images et accéder aux menus avancés) au point que j’avais par exemple été jusqu’à désactiver la fonction tactile de l’écran arrière. Ça risque de demander un sacré changement dans mes habitudes! Enfin, l’EOS R7 (mais pas l’EOS R10) ne comporte pas de flash intégré. OK, il gère bien mieux la montée en ISO que mon EOS 70D mais j’avais tendance à pas mal utiliser les flash intégré en fill in pour le portrait et surtout pour commander mon flash annulaire en macro.
Avec un Canon EOS RF 800 mm F/11 IS STM !!!
Alors là, je vais me chercher des excuses en commençant par dire qu’il n’y a que les imbéciles qui ne change pas d’avis… Comme déjà évoqué dans mon article précédent, j’ai craqué pour le RF 800 mm F/11 IS STM alors que j’ai été le premier à décrier de la façon la plus virulente qui soit cet objectif lors de sa sortie, dans un post que vous pourrez relire ici. Mais quelle mouche m’a donc piqué pour que je change d’avis ?!
Premièrement, les premiers EOS R7 sont fournis avec la bague d’adaptation Canon (d’une valeur d’environ 100€) permettant d’adapter les objectifs EF et EF-S sur les boîtiers EOS R. Je possède déjà un certain nombre d’objectifs en monture EF et EF-S et je compte bien continuer à les utiliser. De plus, les objectifs pour lesquels je pourrais éventuellement craquer en monture EOS RF ou RF-S ne sont pas encore vraiment disponibles (à quelques exceptions près). Autant donc se diriger vers une focale que je ne possède pas, en sachant que jamais je n’aurais cru être en mesure d’être capable d’acheter un 800 mm à ce prix là.
Alors oui, à assumer, autant le faire jusqu’au bout en écartant d’emblée, le petit frère: le RF 600 mm F/11 IS STM. Il aurait été plus léger dans le sac à dos et ce petit détail aurait pu avoir son importance en randonnée en montagne, mais j’ai si souvent été trop court pour réaliser le cliché parfait que 800 mm pour un petit peu plus d’un kilo: 1,240 kg pour être exact, ça laisse rêveur… Bien sûr, il y a cette ouverture, inexorablement fixée à F/11. Pourvu que les 800 mm permettent d’obtenir un bokeh qu’on espère généralement pas avec une ouverture si petite. Pourvu que la maîtrise de la montée en ISO du capteur couplée à la stabilisation dernier cri (du capteur et de l’objectif) permettent tout de même d’utiliser cette optique en photo de nature… D’une manière générale, pourvu que la qualité d’image soit au rendez-vous… J’ai énormément lu et regardé de vidéos à ce sujet, épluché des tests et retours d’expérience et je dois dire que tous sont unanimement rassurants. Bien sûr, les gens sont plus ou moins emballés et le photographe pro qui a pris un crédit sur des années pour s’acheter un 600 mm F/4 n’avouera de toute façon jamais qu’un objectif à environ 1000 € fait le job d’un cailloux plus de 10 fois plus cher. Alors bien sûr, vous aurez aussi mon avis à moi aussi bientôt, mais une chose est sûre, j’ai pris la décision de me lancer.
Et pourquoi pas l’EOS R10 alors?
En même temps que l’EOS R7, Canon a aussi lancé un élégant petit EOS R10. Les deux boîtiers ont en fait énormément de points communs. Si on devait les distinguer, on pourrait dire que l’EOS R7 est une version body buildée plutôt adaptée à la photo d’action. D’abord, l’EOS R7 embarque la stabilisation capteur IBIS, l’EOS R10, non. Le capteur de l’EOS R7 présente aussi une meilleure résolution que l’EOS R10 (32,5 mégapixels contre 24,2 mégapixels). Il sait faire la mise au point dans des conditions de luminosités encore plus extrêmes (-5 IL contre -4 IL pour l’EOS R10). Le coefficient du viseur est aussi un peu plus gros sur l’EOS R7 (1,15X) que sur l’EOS R10 (0,95X) ce qui assure en théorie un peu plus de confort pour la visée. La rafale avec l’obturateur électronique se limite aussi à 23 im./s avec l’EOS R10 là où elle atteint 30 im./s avec l’EOS R7. En contrepartie, l’EOS R10 comporte un flash intégré et est au demeurant plus compact et plus léger (429 g contre 612 g). Compte-tenu de ma pratique, j’opte donc pour l’EOS R7, mais pour une utilisation plus standard, je n’hésiterais pas à préférer la compacité et le gain de poids de l’EOS R10 pour des caractéristiques tout à fait comparables.
Les Canon RF 600 mm F/11 IS STM (en haut) et RF 800 F/11 IS STM (en bas). Source: missnumerique
Et pourquoi pas un zoom type 100-400, 100-500 ou 150-600 d’abord?
Ceux qui suivent la Nature Des Images savent que je suis un inconditionnel de l’EF 300 mm F/4L IS USM dont je ne me suis jamais lassé, même après des années de pratique. Bien sûr, 300 mm, c’est parfois, et même souvent trop court en photo animalière et la focale fixe tendra toujours à manquer de ce que les anglophones appellent, la versatility. Mais pour le reste, un 300 F/4 reste sans doute un des meilleurs compromis possible (en photo de nature) en offrant à la fois un téléobjectif polyvalent qui sait tout (bien) faire ou presque. Il est relativement léger et peu encombrant tout en restant assez lumineux et il ne faut par exemple pas oublier qu’il constituera, une arme redoutable pour la proxy (chose que les photographes qui n’en possèdent pas ont tendance à ignorer). Compte-tenu de ma pratique, c’est toujours lui que je mettrais dans ma valise si je ne devais emporter qu’un seul de mes objectifs sur une île déserte et c’est probablement pour cette focale fixe que je craquerais à nouveau si toutefois Canon venait à en proposer une mise à jour (un peu à l’instar de ce qu’avait fait Nikon avec son AF-S Nikkor 300 mm F/4E PF ED VR) en monture RF (ou pourquoi pas RF-S…).
A l’époque, j’avais déjà pas mal hésité entre un EF 100-400 mm F/4.5-5.6L IS USM et un EF 300 mm F/4L IS USM avant d’opter pour la focale fixe, sur laquelle je pouvais au besoin adjoindre le Teleconverter EF 1.4X II. Plus tard, j’avais été plutôt bluffé par le rendu d’un Tamron 150-600 au point que je me suis mis à reconsidérer mon choix entre focales fixes et télézooms. Si je trouvais le range de ce type d’optique un peu trop étendu, et l’ouverture maximale un peu faible pour l’utilisation que j’aurais pu en faire, j’ai souvent rêvé de la sortie d’un Canon EF (ou EF-S) 200-500 mm F/5.6(L) IS USM (ou STM), à l’instar de l’AF-S NIKKOR 200-500 mm F/5.6E ED VR de chez Nikon. Là, encore, je l’ai attendu, et il n’est jamais venu… (Mais pourquoi est-ce que je continue à être fidèle à Canon moi?!) Et puis plus récemment, Canon est quand venu renverser la table avec non pas une, mais deux options que j’ai d’abord accueilli avec pas mal de scepticisme: le RF 600 mm F/11 IS STM et le RF 800 F/11 IS STM.
Le Canon EF 300 mm F/4L IS USM fait le job pour bien détacher le sujet (ici un Bihoreau gris) même très proche, de l’arrière-plan (Photo Joris BERTRAND)
Pourquoi les 600 mm et a fortiori, les 800 mm F/11 deviennent-ils crédibles?
Je ne vais pas me lancer dans une revue technique détaillée de ces deux objectifs que je n’ai à ce jour jamais essayé. Mais après avoir beaucoup lu et regardé de vidéos à leur sujet sur Internet, je suis désormais convaincu que ces deux optiques délivrent une qualité d’image tout à fait satisfaisante. Alors bien évidemment, avec leur ouverture figée à F/11, ces deux objectifs ne sont pas très lumineux. Le truc, c’est que c’est la solution sine qua non (j’allais dire, le prix à (ne pas) payer…) pour avoir un 600 ou un 800 mm à moins de 1000 €. Il est clair que je n’aurais jamais acheté ce type d’optique dépourvu d’autofocus et non-stabilisée. Mais là, Canon annonce que le système de stabilisation IS des objectifs permettrait un gain de 4 stops pour le 800 mm et 5 stops pour le 600 mm auquel pourra s’ajouter la stabilisation d’image dite « collaborative », entre l’optique et le boîtier, pour un gain pouvant aller jusqu’à 7 stops! Pour les néophytes, cela veut dire qu’alors qu’on a pour coutume de dire qu’il faut au moins shooter au 1/600s avec un 600 mm (ou 1/800s avec 800 mm) pour faire une photo nette (à multiplier par 1.6X avec un appareil à capteur APS-C…), vous pourriez théoriquement obtenir la même photo nette avec des temps de pose de l’ordre de 0,5 s avec un EOS R5, EOS R6 ou EOS R7 (si toutefois votre sujet ne bouge pas bien sûr). Ajoutons à cela que tous ces boîtiers récents gèrent de toute façon bien mieux la monté en ISO que les boîtiers plus anciens. Mon EOS 400D délivrait des images pourries à 1600 ISO, c’est passé à 12800 ISO sur mon EOS 70D, mais on peut désormais espérer plus! Bref, il y a bien moins de lumière qui passe au travers de la lentille, mais la technologie compense, et s’il y a bien des domaines sur lequel les appareils photo ont progressé ces dix dernières années: c’est la montée en ISO et la stabilisation des capteurs. En outre, les hybrides sont plus performants que leurs aïeux les réflex pour faire la mise au point, même par manque de lumière, ce qui explique pourquoi les fabricants peuvent désormais proposer des objectifs moins lumineux, mais plus compacts et tout aussi efficace en terme de performance de mise au point.
Grand et petit à la fois…
Le poids et l’encombrement
Le Canon RF 800 mm F/11 IS STM côte à côte avec l’EF 300 mm F/4 L IS USM
Sur la balance, on est à moins d’un kilo (930 g) pour le 600 F/11 contre 1260 g pour le 800 F/11. Quand je pense que mon EF 300 mm F/4L IS USM pèse déjà 1190 g, les 600 et 800 mm sont des poids plumes compte-tenu de leur longueur de focale! Côté mensurations, on est à 93 mm X 269,5 mm pour le 600 F/11 et 101,6 x 351,8 mm pour le 800 F/11. En sachant que ma référence qu’est le 300 F/4 fait 90 mm x 221 mm, on se rend vite compte que le 600 F/11 a des mensurations comparables à celui-ci. C’est d’autant plus vrai une fois l’objectif rétracté car sa longueur passe alors à 199,5 mm (et 281,8 mm pour le 800 F/11). En effet, Canon a prévu une configuration « de transport » qui consiste à gagner quelques centimètres sur l’ensemble, une fois l’objectif replié (et verrouillé): bien belle astuce. Certes les 600 et 800 F/11 ne sont pas des optiques de série L mais c’est une véritable prouesse que d’avoir de telles focales affichant ces dimensions et ce poids-là!
Le rapport de grandissement et la distance minimale de mise au point
Ni le 600 F/11, ni le 800 F/11 ne seront en revanche des as de la proxy car l’un comme l’autre affichent un grandissement maximal de 0,14x à la distance minimale de mise au point. Cette distance minimale de mise au point est de 4,5 m pour le 600 F/11 et atteint 6 m pour le 800 F/11. Là on commence à se dire qu’on va parfois manquer de recul au Zoo, mais aussi en pleine nature, même avec le 600 F/11… A titre de comparaison, mon EF 300 mm F/4L IS USM affichait une distance minimale de mise au point d’1,5 m et un rapport de grandissement honorable de 0,24x.
La polyvalence ou la focale !!!
Il est évident que le RF 600 mm F/11 IS STM saura se montrer plus polyvalent que son grand frère, le RF 800 mm F/11 IS STM. Il se laissera plus facilement emporter dans un sac à dos lors d’une balade et j’avoue m’être bien posé la question de savoir si la différence affichée entre les deux n’allait pas m’orienter vers le RF 600 mm F/11 IS STM comme le choix de la raison. Maintenant que je vis à proximité des Pyrénées, j’ai tendance à me délester du superflu pour ne garder que l’essentiel lorsqu’il s’agit de prendre de l’altitude. Et puis 600 mm, c’est déjà pas si mal pour tirer le portrait d’une marmotte, d’un isard, ou d’un gypaète qui passe. D’un autre côté, je suis déjà équipé jusqu’à 300 mm, voire un peu plus de 400 mm avec le Teleconverter EF 1.4x II. Comme mentionné plus haut, je rêvais d’un 200-500 F/5.6 de chez Canon même si je dois me rendre à l’évidence: la sortie successive d’un RF 100-500 mm F/4.5-7.1 L IS STM et d’un RF 100-400 mm F/5.6-8 IS STM me laisse peu d’espoir pour un RF (ou RF-S) 200-500 mm F/5.6(L) IS STM… Alors maintenant que j’ai bien pesé le pour et le contre, assumons. Aurais-je un jour l’opportunité de me payer un 800 mm autre que celui-là? Non, probablement pas. Je fais donc ce pari là en étant assez confiant sur le fait que je ne serai pas déçu. En tout cas, je partagerai bien sûr, sur le blog, mon retour d’expérience en temps réel.
Les petits dépassements de budget: léger avantage au RF 600 mm F/11 IS STM
Le RF 800 mm F/11 IS STM est (logiquement) 150€ à 250€ plus cher que son petit frère (le RF 600 mm F/11 IS STM), mais la différence de budget, ne va pas tout à fait se limiter à ça. Assurez le coup en achetant un filtre UV de protection et le simple fait d’avoir un diamètre de lentille frontale de 82 mm sur le RF 600 mm F/11 IS STM contre 95 mm sur le RF 800 mm F/11 IS STM vous délestera d’une petite cinquantaine d’euros en plus si vous optez pour la plus longue des deux focales. Ajoutez une cinquantaine d’euros supplémentaire (quel que soit le modèle) pour avoir le pare-soleil de la marque, doublez la mise pour une protection en Néoprène et triplez la mise pour un étui de protection dédié… Dans tous les cas, le cashback Canon de l’été de respectivement 100€ et 120€ pour le RF 600 mm F/11 IS STM et le RF 800 mm F/11 IS STM auront tôt fait d’être engloutis…